Titus : Lamentable tragédie sanglante

Alain-Martin Richard
Périscope, Montréal
du 23 novembre au 2 décembre 2017
Titus
Vue de la performance, 2017.
Photo : Charles Fleury
Périscope, Montréal
du 23 novembre au 2 décembre 2017
Le général Titus, féroce combattant et protecteur de l’empire, vainqueur des ennemis de Rome et père de vingt-quatre enfants, dont vingt tués sur les champs de bataille, rentre dans la capitale après 10 ans de combat, acclamé par le peuple. Mais les forces politiques déchaînées pour la succession de l’empereur qui vient de mourir sont d’un autre ordre. Ici la félonie, la trahison, les secrets, les mensonges, les assassinats, les viols, les luttes pour l’honneur et la famille emportent l’empire dans un chaos inouï. S’y entremêlent et s’y entretuent deux clans romains, une princesse Goth promue au rang d’impératrice et ses fils tordus, et enfin Aaron, le Maure maléfique qui incarne avec délectation le mal absolu et regrette que sa mort hâtive le prive des dix mille souffrances qu’il voulait encore infliger au reste de l’humanité.

Ce qui frappe dans cette première pièce du jeune Shakespeare, c’est la bêtise humaine. Dans un magnifique monologue, Marcus, diplomate et frère de Titus, fait l’éloge de la raison, mais constate d’un même souffle que la passion domine l’humanité. Il en appellera alors au chaos purificateur, seul apte à sortir l’humanité de son bourbier de tueries et de vengeance. Même l’empereur lance cette supplique au public interpelé ici comme tribuns romains : « Achevez-nous ! Achevez-nous ! ». Le malheur est si grand qu’on se demande comment on peut encore le supporter. Ici les dilemmes cornéliens sont résolus en un tournemain par l’épée, pour trancher, mutiler, occire.

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