Il y aurait certainement eu plusieurs façons d’aborder les pratiques urbaines, ce thème étant assez large pour inclure tout ce qui touche de près ou de loin à l’urbanité. Nous savons toutefois qu’il n’est plus nécessaire de questionner la légitimité de l’art dans les différents espaces de la ville — sa présence est depuis longtemps reconnue par les institutions et par le public —, du moins dans les grands centres.

Mais il sera toujours pertinent de réfléchir sur les motivations des artistes à prendre place dans le tissu urbain, celles-ci fluctuant au gré des différentes situations. À travers ces intentions, on porte nécessairement un regard sur les moyens empruntés par les praticiens — les processus – mais aussi sur les conséquences des gestes posés. L’art urbain fait d’abord et avant tout appel au public puisque le contexte social, et surtout l’individu, en sont la matière première. Ainsi aurions-nous pu intituler ce dossier « l’art de l’altérité ».

On remarquera qu’aux œuvres publiques permanentes, les auteurs ont privilégié les approches éphémères, la plupart faisant une distinction entre l’art public et la pratique urbaine. Certains se sont penchés sur des événements spécifiques, notamment la Symphonie du millénaire, qui fait l’objet de deux textes, l’un s’attardant surtout au contexte et à l’élaboration de l’événement, tandis que l’autre propose une analyse approfondie de l’œuvre musicale. D’autres ont plutôt opté pour une réflexion élargie, référant à la pratique de différents artistes ou se basant sur les diverses thématiques propres à l’art urbain, Montréal et Québec y sont prédominantes, c’est un fait, mais il ne faudrait pas perdre de vue le dynamisme artistique de certaines petites villes. Ainsi, on remarquera la présence de la ville de Joliette où les Ateliers convertibles témoignent d’une détermination à insérer l’art dans son contexte suburbain.

Ce dossier propose donc un regard sur des pratiques qui se sont effectuées au cours des derniers mois, ou des dernières années. Toutefois, des choix ont été opérés, l’intention n’étant nullement de créer un répertoire des œuvres et interventions urbaines, mais bien de souligner la présence des artistes dans le paysage urbain.

Sylvette Babin
Cet article parait également dans le numéro 42 - Pratiques urbaines
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