New Museum_Here and Elsewhere_2014_07_NYC_Benoit Pailley
Bouchra Khalili The Mapping Journey Project, 2008-2011, vue d’exposition, Here and Elsewhere, New Museum, New York, 2014.
Photo : Benoit Pailley, permission de l'artiste & Galerie Polaris, Paris

The Mapping Journey Project (2008-2011) est une installation composée de huit vidéos qui présentent une nouvelle cartographie de l’espace méditerranéen situé entre l’Afrique, l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient en suivant le trajet clandestin de huit individus. Dans chacune des vidéos, la main d’un sujet anonyme trace ses déplacements migratoires, qui irradient dans différentes directions à partir de l’espace méditerranéen. Subvertissant le modèle visuel traditionnel de la mappemonde, le tracé individuel devient l’instrument narratif avec lequel les protagonistes racontent leur périple. Les histoires, ponctuées d’instants tragiques (oppression bureaucratique, délais d’attente, détention, déportation, maladie), sont relatées en plusieurs langues, de manière factuelle et précise. Cette sobriété fait écho à la position philosophique de l’artiste, pour qui ces déplacements ne sont pas seulement la conséquence d’enjeux politico-économiques, mais un mode de résistance par lequel les sujets refusent le pouvoir tel qu’il s’exprime dans la délimitation normative des frontières, le contrôle étatique et les restrictions idéologiques1 1 - Le lecteur se référera à l’analyse éclairante de Diana Nawi sur laquelle s’appuie ce commentaire dans « Other Maps: On Bouchra Khalili’s Cartographies », Ibraaz, Platform 008 (janvier 2015).. La nature transgressive des parcours clandestins est également traitée dans les huit sérigraphies du projet The Constellations (2011), qui représentent les déplacements des protagonistes des vidéos en effaçant cette fois toutes références frontalières. En inversant la logique inhérente à la constellation qui, en navigation, sert à l’orientation, ce projet fait de l’itinéraire des sujets la réalité par laquelle prend forme la carte constellaire. C’est finalement la dimension politique du concept même de mouvement que révèle le travail de Bouchra Khalili : selon cette dernière, les trajets consistent en un acte de défaillance permettant de demander, « comment l’être humain trouve la force de résister même s’il/elle est piégé dans les filets du pouvoir arbitraire ».

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