Points de vue d’une (de deux ?) génération (s) II

Johanne Chagnon

[In French]

C’est une histoire… qui continue là où elle avait été laissée, et qui ne pourra qu’être marquée par les événements survenus depuis.


-Qu’est-ce qui est arrivé depuis? demande-t-il.
-Depuis quoi? rétorque—t-elle.
Nous sommes assis-e-s à une table dans l’arrière-cour. La question du jour est : l’éditorial du présent numéro. Nous sommes des personnes engagées de cœur dans ESSE, qui ont des opinions, les exprimons et faisons face à nos contradictions. Nous feuilletons les anciens numéros. Dans le no 14, l’éditorial soulignait les inquiétudes soulevées par le «bourassisme», à propos de la ré-élection du Parti Libéral; dans le no 15, il constatait à quel point les effets du bourassisme sur et au sein du milieu culturel se faisaient plus marquants; l’éditorial du no 16 a, quant à lui, été marqué par la crise amérindienne de l’été 1990. Juste au moment de la rédaction de l’éditorial du no 17 survient la guerre du Golfe, qui a mobilisé davantage nos réflexions… et d’espace dans la revue. L’escalade de nos émois est évidente!

-Alors maintenant, de quoi parlons-nous? Surtout après avoir souligné l’espèce d’indécence, ou effet de mode, d’accorder autant d’ampleur au conflit du Golfe persique, et non aux autres conflits qui pullulent partout en tout temps.
-Quels ont été les événements marquants de l’actualité?
-Il y a l’été qui arrive, ça fait du bien.
-Je pensais plutôt au problème des Kurdes, aux événements en Inde, tu vois, plus à ce niveau-là.
-Supposons, mettons que ça ne change pas beaucoup. Si on pense à notre cher Brillant Mal-au-nez qui vient de déposer un projet de loi pour vendre des chars d’Assaut à l’Arabie saoudite, qui veut exporter des fusils mitrailleurs, qui va jusqu’à changer la loi de l’exportation des armes pour arriver à ses fins…
-Il faut avoir du culot! Tout de suite après la guerre!
-…et qui augmente le budget de la défense militaire de 600 millions pendant qu’il coupe dans l’éducation, la santé, le logement, l’environnement, etc.
-Mais je ne crois pas qu’on devrait s’aligner là-dessus.
-Mais si on a envie d’en parler? Nous pouvons aussi trouver une façon appropriée de traiter ce sujet.
-On peut établir des parallèles avec les budgets gelés dans le domaine culturel, mais faut-il continuer nécessairement dans la logique de l’éditorial précédent?
-Mais toutes les raisons seraient bonnes pour se taire! C’est justement pour cela que tant de gens ne disent rien et que la situation continue à se détériorer à tous les niveaux. Si tous les individus véritablement en désaccord avec la guerre s’étaient exprimés, on aurait peut-être observé un léger changement dans les mentalités. Mais on n’en est pas là, parce que dans le fond, les gens sont rivés à leurs privilèges et ne veulent pas vraiment que ça change.
-Le Nouvel ordre mondial, c’est-tu arrivé là?
-On a vite vu ce que ça donne! Ce feu de paille du grand élan de liberté et de renouveau… tout ce qui continue à nous passer au-dessus de la tête!
-Mais il y aura toujours quelque misère et injustice à décrier! Est-ce qu’il n’y a pas danger d’aborder l’actualité de façon opportuniste, sans suite, pour se donner bonne conscience?
-Malheureusement, il y aura d’autres conflits. Le problème au Proche-Orient n’est pas réglé. Et il reste les aberrations du système d’échange économique Occident-Tiers Monde.

-Oui, mais chaque pays riche a son propre tiers-monde aujourd’hui, de toute façon. Il y a 825 000 sans emploi au Québec, et 40 % des ménages de 34 ans et moins sont sous le seuil de la pauvreté. Alors…
-Et si on pense aux 2,9 millions de dollars prêtés par un décret privé du gouvernement à Raymond Malenfant, pour réaliser son projet de casino dans Charlevoix : je ne sais pas si un théâtre ou un regroupement d’artistes auraient pu bénéficier du même traitement de faveur?
-Veux-tu la réponse?
Mais on va avoir une politique culturelle bientôt! Elle va tout nous régler ça!
-Ça fait 30 ans qu’on l’attend!
-Je reviens toujours à ceci : suite à l’éditorial du numéro précédent, que proposons-nous cette fois-ci?

-Il reste qu’on peut faire un constat, et ce constat est plate, qu’on continue de s’armer et de s’entre-déchirer, après tout le chiard qui a été fait, tous les esclandres que les gens ont faits contre la guerre…
-… quels esclandres? En as-tu vu tant que ça?
-On a braillé sur le sort des Kurdes pendant quinze jours, on les a littéralement écrasé-e-s en leur parachutant des vivres!
-Mais si on parle toujours de «politique», on s’éloigne des arts!
-On a toujours tenu compte du politique auparavant, de toute façon.
-Il importe de souligner qu’on s’est vraiment donné bonne conscience avec toutes ces manifestations contre la guerre, et nous aussi avec notre éditorial.
-On cherche ce qu’il est possible de faire.
-Est-ce que c’est possible par l’écriture?
-Pourquoi faire une revue alors?
-Tu émets une opinion. Qu’on n’en tienne pas compte, ça peut être dommage, mais au moins tu as un droit de parole. Il faut se servir des tribunes qu’on a, surtout en regard du nombre de gens qui ne disent rien, et du nombre de gens dans le monde qui ne peuvent pas dire un maudit mot sans se faire emprisonner.
-… avec ce qui nous est permis de contester dans les limites de la «norme».
-C’est pour ça aussi qu’on a bonne conscience. On peut se permettre de dire n’importe quoi, parler contre le gouvernement, etc., et ça ne dérange pas grand chose.
-En être conscient-e, c’est déjà quelque chose. Si on s’illusionnait en se faisant des accroires…
-Oui, mais c’est cynique d’être conscient-e.
-Non, c’est juste être lucide. Qu’est-ce qui nous reste sans ça?
-Il faut un sacré sens de l’humour pour naviguer dans le bordel actuel.
-En passant, il y a un bon restaurant acadien près de chez toi. J’ai mangé des homards là hier soir, super bons, cuits dans l’eau de Paspébiac.
-Passer des Kurdes aux homards, c’est ça, nos contradictions!
-On vit très bien ici, pourquoi on dénoncerait des choses?! Regarde : on n’a même pas encore de pays. Si on n’était pas si bien, il se passerait quelque chose.

-Le confort et l’indifférence…
-On va avoir l’air d’une gang de totons si au prochain référendum, ça ne passe pas encore!
-Où est ESSE dans tout ça? Je n’y perds.
-En tant qu’artiste, on vit dans une société, non dans une tour d’ivoire. On n’a pas des opinions seulement sur l’art.
-Alors parlons de la pauvreté.
-Justement, le dossier de ce numéro parle d’artistes qui ne sont pas très riches.
-J’aurais des choses à dire là-dessus.
-Garde-les, on en reparlera quelques pages plus loin.
-…

Nous n’avons donc pas fini de régler le sort du monde. Il reste que le fait d’établir un constat sur l’état des choses soulève une masse de questions. Tant qu’on n’aura pas trouvé une panacée (en existe-t-il une?), il importe au moins de ne pas cacher ces points d’interrogation sous un discours transcendant et unilatéral.

-En attendant, parlons des autres sujets abordés dans la revue.
-Commençons par le dossier, Points de vue d’une (de deux?) génération(s) II, qui fait le pendant à cet autre dossier Points de vue d’une génération, sur des artistes né-e-s entre 1920 et 1930, et publié dans le no 15. Il s’est avéré cette fois plus difficile de composer un groupe homogène. Aujourd’hui, on est «jeune» plus longtemps, même si les générations ne sont plus que de cinq ans, mais entre une personne de 20 ans et une autre de 35 ans, se dessine toute une marge. C’est pourquoi nous avons été obligé-e-s de traiter les artistes rencontré-e-s en deux blocs.

-Ce dossier aborde les conditions de pratique d’aujourd’hui, à partir du point de vue de ces «jeunes» artistes. En essayant de faire ressortir le positif de la chose.
-De toute façon, on serait bien mal placé-e-s pour chialer le ventre plein, compte tenu de la détresse que connaissent tant d’individus dans le monde actuellement.
-Cet aspect plus positif, ça fiat du bien, suite à la conclusion plutôt pessimiste du dernier dossier, à propos du peu de poids des arts visuels dans notre société axée sur des valeurs économiques.
-C’est bien de montrer la vitalité, la force de la présence des artistes, et ce, d’autant plus quand les conditions économiques sont difficiles.
-Mais, avec ce dossier, ne sommes-nous pas en train de perpétuer un autre mythe : avec de la persévérance, on peut arriver à percer. Pour arriver à quoi? C’est entretenir de faux espoirs : croire que l’institution, qui ne nous ouvre pas ses portes aujourd’hui, le fera un jour.
-Le dossier est intéressant, mais on devrait, surtout s’il est conçu comme un pendant à l’autre Points de vue d’une génération, montrer ce qui est différent, remettre les choses en perspective. Il me semble que les jeunes artistes aujourd’hui ne contestent pas beaucoup.
-Mais qu’attends-tu d’eux, qu’ils/elles reprennent pour toi le flambeau des années 60-70? Le contexte a bien changé, les possibilités de contestation aussi.
-Et ça ne se vit plus en termes de confrontation. Les artistes font d’abord ce qu’ils/elles ont à faire.
-Ça ne peut pas se situer au même niveau. Contester l’école? Elle est plutôt perçue comme un tremplin pour acquérir des connaissances. Et de toute façon, elle est ainsi faite qu’on ne te force ni à y aller ni à y rester.
-À une certaine époque, on contestait un académisme bien établi. Aujourd’hui, est-ce qu’on va contester ce qui a déjà contesté ce qui était là avant, qui avait aussi contesté ce qui était là avant, etc.? Pourquoi? l’art n’est plus une question de style.
-De façon plus générale, on peut dire qu’à une certaine époque, il y avait une façon très précise d’afficher sa contestation : il existait des mots, des actions, des formes d’art. Ensuite est venue l’époque du paradoxe : «oui mais…, oui mais en même temps…» Que peux-tu faire après ça?
-Ça me fait penser, coïncidence!, puisque le dossier parle du mode de vie concret des artistes qui commencent : nous sommes quelques-un-e-s à avoir reçu un questionnaire-enquête conçu au module d’histoire de l’Art de l’UQAM. Celui-ci veut publier une brochure d’information pour convaincre la «relève» en histoire de l’art du merveilleux profil de carrière qui les attend!

-La «carrière» contre la réalité! Avec le nombre d’étudiant-e-s qui sortent à chaque année, et les postes qui s’ouvrent au compte-gouttes dans les musées, ou en enseignement, il ne faut pas faire une grosse enquête pour s’apercevoir qu’on ne va pas attirer de recrues en leur parlant des vraies perspectives de débouchés!
-J’ai juste à penser à ceux et celles que je connais dans le domaine : tous et toutes ont un emploi, souvent partiel ou temporaire, dans divers domaines, bien éloignés de la «profession»…
-Qu’espère-t-on? Faut être vraiment déconnecté pour avoir pensé une telle brochure!
-Les jeunes prennent de la place dans ce numéro-ci! En plus donc de ce dossier qui s’intéresse à de jeunes artistes, voilà que dans la chronique OPINION, deux très jeunes auteurs critiquent la Nuit de la poésie 1991.

-Daniel Canty, qui avait collaboré au no 17, écrit avec indignation combien il s’est senti extérieur à ce monde de «nobles poètes». Et pourquoi les poètes se sont plié-e-s à cette mascarade de mise en scène, sans broncher, alors que les micros étaient tous ouverts!
-Et Jean-Sébastien Huot, dont on retrouve aussi les propos à l’intérieur du dossier, s’indigne, lui, en tant que participant.
-Je ne sais pas si c’est une question d’âge, de génération qui cherche sa place ou ne se reconnaît pas dans ceux et celles qui sont en place.
-En tout cas, c’est bien qu’il y ait ces deux textes car presque tous les comptes rendus de cet événement de poésie ont été si flatteurs, ou neutres, qu’ils ne reflètent pas tout ce qui s’est passé.
-Ça fait du bien de constater ce bouillonnement qui habite certain-e-s de la jeune génération. À un moment où la planète va à sa perte, les réactions ne peuvent être trop fortes.

-J’ai relevé certains extraits dans la revue Gaz Moutarde, qui ont la même résonance : «état d’urgence, extrême poésie» (Interface de Jean-Sébastien Huot, Gaz Moutarde 4, octobre 1990, p. 3); «j’écris au lieu de massacrer […] je suis jeune et sans répit / et je détruis les cavités où le quotidien sombre» (IGA de Jean-Sébastien Huot, Gaz Moutarde 4, octobre 1990, p. 14); «Un jour / ce jour, je n’écrirai plus / je n’aurai plus à rager […] Mais il faut parler / pour s’extirper de la tourmente de paroles / il faut aller au bout des mots / pour s’en déneiger / et voir ce jour enfin! Cela s’appelle poésie / et elle seule le sera / vraie (Nuit de neige… de Benoît Chaput, Gaz Moutarde vol. 2 no 1, février 1990, p. 40).

Qu’y a-t-il d’autre? Ah oui! cette table ronde organisée par la galerie La Centrale, et intitulée Femme artiste immigrée.

-Ouais, ça rend beaucoup de page!
-Le sujet est intéressant dans le contexte québécois actuel. Et pour bien rendre compte des propos exprimés, nous publions l’intégralité des interventions, en plus de commentaires soulevés par ces communications et par la réaction du public.
-Les participantes à cette table ronde ne viennent pas de débarquer ici. Trois d’entre elles sont établies depuis plus de dix ans au Québec, la quatrième, arrivée plus récemment à Montréal, a vécu depuis son enfance à Vancouver.
-La précision a son importance, puisque c’est à partir de ces parcours particuliers qu’elles ont abordé les trois facettes de l’ordre du jour : en tant que femme, en tant qu’artiste et en tant qu’immigrée, dans le sens : «qui est venue d’ailleurs».

-Que penser du peu de place accordée, dans leur propos, au Québec francophone? L’une des conférencières occulte le Québec, ne considère que le Canada; une autre, d’ailleurs de langue anglaise, n’en parle pas, elle a de toute façon des préoccupations plus urgentes; une autre aborde avec un ton méprisant le théâtre québécois francophone (et la société qui l’a produit); une seule puise dans la littérature québécoise et y trouve certaines affinités.
-Ce qui m’a beaucoup étonné, c’est que les questions du public ont remis en cause des fondements du féminisme, qu’on aurait pu croire acquis. Ce à quoi, c’est sans doute bien naïf de ma part, je ne m’attendais dans un lieu comme La Centrale! Cela a donné au débat un ton plutôt agressif et l’a dévié du véritable sujet de la table ronde.
-En tout cas, ça soulève un point : on veut aller vers «l’autre», mais comment s’y prendre? Quelle place lui donner, comment respecter sa différence sans l’isoler, la catégoriser?

-Le texte de Carole Brouillette, dans la chronique COMMENTAIRES, se rattache très bien à cette table ronde : Carole est une des coordonnatrices de La Centrale et son texte traite de l’art des femmes en 1991.

-Ses propos très généraux, triomphalistes même, ne seraient-ils pas à considérer à la lueur des remrques d’une des invitées à la table ronde Femme artiste immigrée, qui questionnait justement le discours des féministes blanches?

-Le texte de Carole a été préparé pour une autre table ronde qui a eu lieu le 8 mars, journée des femmes. Mais les femmes parlent-elles en dehors de cette journée-là? Que font-elles le reste de l’année?

-Bien, l’été, elles vont se baigner…
-Les problèmes sont loin d’être réglés, puisqu’on parle encore, et, comme la réaction du public à la table ronde Femme artiste immigrée nous le rappelle, les femmes ne peuvent pas s’asseoir sur leurs lauriers. Les gains sont toujours minimes.
-J’aime bien quand l’auteure dit : «L’art […] laisse envisager la fantaisie comme solution plutôt que comme un luxe superficiel.» C’est-tu assez positif à ton goût?
-On parlait tantôt que l’engagement ne peut pas se vivre aujourd’hui au même niveau qu’en 1970. ON en a un exemple ici avec Serge Bruneau et son entretien avec Feroz Mehdi, dans la chronique ENTREVUE.
-Dans quel sens?
-C’est un artiste qui, comme plusieurs autres dans les années 1970, a lié sa pratique à un engagement politique dans un mouvement de gauche, puis s’en est détaché, tout en poursuivant une réflexion sur l’engagement. Quand on connaît son point de départ, c’est intéressant de lire où il en est rendu actuellement.
-Et le texte de Ginette Demers, qui précède cet entretien, permet, justement, de mieux suivre son cheminement, pour qui ne le connaîtrait pas.
-Il semble quand même éprouver quelques réticences à se faire catégoriser «artiste engagé». Pourquoi est-ce si difficile à assumer?
-Ce n’est pas tout, de parler de conditions d’existence (artiste, jeune, femme, immigrée, etc.), il reste que des œuvres existent, vivent, parlent, …
-Justement, dans la chronique MONTRÉALITÉS, Mona Hakim fait le tour de la récente exposition de Marlène Couet.
-Oui, je me rappelle! On s’était interrogé-e-s sur la présence, dans cette installation, d’une très voyante croix latine, symbole trop bien connu rattaché à la religion catholique… Comme si l’artiste avait repris cette forme sans assumer tous les attributs qui y sont rattachés.
-Il reste que, et le texte de Mona le souligne, les attributs retenus par l’artiste sont en rapport serré avec son propos.
-Tous ces corps fragmentés, morcelés, dans les peintures de Marlène, est-ce qu’on peut les mettre en rapport avec le 7e épisode de Cité solitaire, la BD de Luis Neves?
-Oui. Dans cet épisode, Vincent rencontre au party de Lucie une jeune Allemande de passage au Québec. Le souvenir de la chute de Berlin se mêle avec l’actualité du moment (on est toujours en mai 1968) : les bombardements américains sur la population vietnamienne.
-Est-ce tout pour ce numéro-ci?
-Non, non! On termine le numéro en faisant écho à certains gestes posés récemment par des artistes contre la politique des frais d’inscription demandés pour soumettre un dossier au jury d’un événement.
-Le problème avait déjà été soulevé dans le dossier du no 16, et le dossier du prochain numéro poursuivra l’action entreprise, pour dépasser le constat et tenter d’amener des résultats plus concrets.
-Comme quoi on ne laisse pas tomber nos dossiers!
-Eh bien! là c’est tout… pour le moment.

Johanne Chagnon
This article also appears in the issue 18 - Points de vue II
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